jeudi 10 juillet 2008

Ag Nuur, le retour

Nous reprenons la route sous un petit crachin pas du tout gênant, vers les gorges de la Tchuluut, munis de notre équipement lourd « intempéries » , forts de notre expérience .
Nous arrivons sans souci à Ag Nuur, où il y a une concurrence sérieuse pour le passage du pont sur la Tchuluut, entre plusieurs énormes troupeaux de pattes courtes, et quelques troupeaux de vaches et yacks, encadrés par des bergers à cheval de type indien, on se croirait aux Amériques.
Cette ressemblance physique n’en est pas une,c'est une identité: ce sont les descendants de populations qui occupaient depuis la fin du néolithique et les dernières grandes glaciations, les territoires de l’actuelle république russe de Touva, et une partie des territoires de l’aïmag de Uvs en Mongolie.
Une partie de ces gens de Touva a migré vers le nord de l’Amérique, à l’occasion des glaciations qui ont permis le passage à pied du détroit de Behring , populations qui ont fait souche sur le continent nord- américain. L’autre partie a continué son petit bonhomme de chemin d’éleveurs nomades sur les terres de Sibérie occidentale, versant nord des montagnes de Sayan, dans les actuelles républiques russes d’Altai, de Khakhassie et de Touva, et versant sud vers les plaines jusqu’au Khangai et à l’Altai.

retour à ag nuur,portrait d'épicières, mère et fille, avec collier de fromages "aaroul"

bergers de choc

Nous faisons des courses dans une épicerie où les fromages « aaroul »,sont présentés sous forme de petits gâteaux moulés, en chapelet . Ils ont un petit goût sucré plaisant comme tout, et nous sont vendus par un épicière et sa fille très enjouées, rigolardes quand nous les photographions, sympathiques . Nous passons le pont derrière les troupeaux , et une dizaine de kilomètres plus loin nous trouvons une petite guanz très rudimentaire, que nous choisissons de préférence à celle d’en face plus tape-à-l’œil et luxueuse d’apparence, pour nos agapes de midi, près de Öndör Ulaan .

transport moderne

banquette de repos à l'intérieur de la guanz, carrefour vers öndör ulaan

future aubergiste de six mois qui s'entraîne au maniement de la télécommande de TV

Nous entrons dans la pièce unique de cette cantine, qui comprend au fond sur trois ou quatre mètres , une grande banquette pour les voyageurs fatigués, à droite une table de 60 x 80 centimètres et deux chaises, et à gauche un petit bar qui délimite la partie « privée » de la pièce.
Dans cette partie privée on trouve d’un côté un lit sur lequel jouent deux marmots, et de l’autre la cuisine constituée d’un petit placard et d’un poêle, autour desquels travaille la mère des deux petits . Sur le lit la petite de six mois , grosse comme un gros lapin mais sans les oreilles, petit, petit modèle, réactive, tonique, qui mordille et tripote la télécommande de la télévision heureusement éteinte, et son frère, petit garçon de trois ans sans culotte, qui joue avec un camion en plastique sans roues, ici on va à l’essentiel. La troisième personne de cet équipage est la jeune maman, plus ronde qu’un gros lapin, cuisinière en charge de ses marmots, et de l’appétit des voyageurs.
Elle assure par ses rondeurs la publicité de son savoir-faire en qualité de mère nourricière d’une petite de six mois, et de cuisinière tout simplement, pour les affamés de passage.
Après un échange de gestes signifiant notre appétit, et son accord pour le satisfaire, cette jeune femme nous fait asseoir, un peu intimidée.
Il ne s’arrête sûrement jamais d’étrangers ici, elle nous sert du thé au lait avec des miettes de gâteaux et de fromage dans une boîte en plastique, ici on ne jette rien , et se met à éplucher des pommes de terre et des oignons.
Nous sirotons notre thé, et après trois quarts d’heure de pause, de jeu avec les enfants pendant qu’elle s’affaire dans et hors de la pièce, nous lui demandons si ce qui cuit est bien pour nous, ce qu’elle confirme . Elle finit par nous servir dans un grand bol chacun , une soupe de pommes de terre, riz, viande de chèvre bien solide, oignons, et un truc qui est peut-être un champignon, au bord de la mer on aurait dit une algue, mais ici c’est improbable. Cette cuisine fort reconstituante et qui a du goût nous fait grand plaisir, et un grand changement à côté de nos nouilles quotidiennes .

1 commentaire:

roxy a dit…

Magnifiques photos, l'endroit me parait révé! et puis quelle tranquilité, laisser le temps au temps quoi.