mercredi 9 juillet 2008

Naadam

En continuant la vallée vers l'est nous apercevons un attroupement à quelques kilomètres, nous mettons le cap dans cette direction, et nous ne sommes pas déçus: c'est là que ça se passe.
Une fois sur le site du Naadam de Tariat, nous n'en perdons pas un miette.
Nous arrivons au moment des combats de lutteurs, avec tout le rituel de l’échauffement, de la préparation vestimentaire des lutteurs, en public, qui mettent leur boléro et leur caleçon, tout ça bien ajusté sur des gros muscles parfois bien enrobés. L’un d’eux plait bien à Martine, avec son caleçon rose et son petit boléro bleu. Après les salutations les combattants passent à l’action ; le jeu consiste à mettre l’adversaire sur le dos, sans mettre les mains plus bas que la ceinture, et quand le combat est fini, après quelques minutes , les adversaires vont voir l’arbitre, qui remet au vainqueur un petit bonnet pointu, et au perdant une casquette . Le vainqueur fait ensuite un tour de piste en faisant une danse qui représente le vol de l’aigle, des grands pas lents sur un cercle de quelques mètres de diamètre, en battant des bras , un tour ou deux , et c’est fini.
Tout ce spectacle est assez sobre, à part les petits costumes, pas d'esbrouffe, pas de clameurs intempestives, les lutteurs luttent, les spectateurs observent, dans une ambiance bon enfant où chacun trouve sa place



Les anciens ne jouent plus, ils arbitrent, et échangent leurs blagues à tabac, dans la bonne humeur avec une autorité tranquille, ce qui donne le ton de ces retrouvailles de style campagnard


Quand les luttes se terminent, nous nous préparons à enfourcher nos montures, quand un des rares cyclistes mongols, que nous avons déjà croisé le matin, nous dit dans un anglais bienvenu qu’il faut rester pour assister à l’arrivée de la course de chevaux, ce que nous faisons bien volontiers.
Il nous conseille sur l’endroit où nous serons bien placés pour observer l’arrivée de la course . Nous apercevons quelques petites taches qui s’approchent à l’est , tous les regards convergent vers les jeunes cavaliers. Ils sont une vingtaine, grands enfants ou jeunes adolescents. Les deux premiers arrivent « dans un mouchoir », les suivants à peu de distance les uns des autres, et ensuite c’est plus laborieux, chevaux et cavaliers sont fatigués. Un cheval a même perdu son cavalier en route, ce qui déclenche le départ immédiat d’une jeep pour le retrouver.
la course des chevaux se termine

la course des chevaux se termine

sous l'oeil des connaisseurs


L’atmosphère générale est à la rencontre, les vieux échangent leur pot de tabac à priser, le proposent même aux étrangers comme moi qui, en signe de bienvenue. Les femmes chargées d’enfants papotent en gardant la marmaille, qui cherche et trouve toutes les occasions de s’échapper et vivre sa vie de marmaille, en mangeant des bonbons. Les jeunes filles arpentent le terrain bras dessus-dessous l’air de rien en complotant je ne sais quoi avec les yeux maquillés qui traînent, ce que bien sûr les jeunes cavaliers fougueux aux yeux rivés dans le lointain n’ont pas remarqué… Une ambiance campagnarde festive bien classique, bien d’ici mais qui pourrait être d’ailleurs, à quelques détails près . Et nous, au milieu de tout ce monde, de tout ce va-et-vient de piétons petits et grands, de chevaux, de voitures, de motos, nous trouvons une petite place, qui ne dérange ni n’émeut personne , qu’est-ce qu’on est bien .


Des visages, des têtes, des trognes qui ne manquent pas d'allure, il semble que toutes jeunettes déjà,les femmes mongoles ne soient pas soumises...

il a surement gagné, on n'a pas tout suivi

Ce qui nous frappe, en plus de l’ambiance de fête et du spectacle, c’est la grande sobriété d’expression des lutteurs, des cavaliers, et du public. Il n’y a pas démonstrations bruyantes chez les lutteurs ni les cavaliers, et l’assistance est concentrée, calme et attentive, depuis les préparatifs jusqu’à la fin des combats ou de la course, pas de cris, pas de bravos à l’italienne, pas d’applaudissements. L’impression dominante est au contrôle des émotions, bien loin de certaines ambiances hystériques vues et entendues en d’autres lieux de compétition, les enjeux ne sont probablement pas les mêmes.
Après les épreuves sportives, les concurrents se saluent, se donnent l’accolade, saluent leurs familles et amis, et voilà, la fête est finie, on se lève, on remballe et on s’en va.
Ca nous rappelle les concours d’équitation il y a quelques années, les familles qui entourent leur rejeton , les voitures dans tous les sens, la bouffe, les mômes qui traînent dans tous les coins ( si l’on peut dire ici, il n’y a pas beaucoup de coins…), il n’y a pas de sensation d’étouffement, la plaine doit faire dix kilomètres de large sur trente de long, il y a de la place.
Après quelques clins d’œil d’encouragement, nous repartons très contents de cet intermède que nous souhaitions trouver, sans en avoir la certitude. Ca nous fait grandement relativiser les désagréments des deux derniers jours.
Nuit dans la plaine, feu de bois de mélèze qui chasse les moustiques, coucher de soleil, décidément la télé ne nous manque pas. Nous avons ce soir une autre distraction , il faut consolider le double toit de la tente, qui a de graves faiblesses liées à son grand âge, et la pluie menace. A nos fils et nos aiguilles .

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