mardi 17 juin 2008

Tsagaan Khötöl, la passe blanche






Après un sommeil mérité, et la visite de quelques voisins motocyclistes, très intéressés par les détails techniques de notre équipage, nous visons le prochain col « Tsagaan Khötöl », à 2983 m sur le GPS, en fuyant du regard et à coups de pédale les nuages qui s’accumulent au sud , pour viser les grands espaces au nord .
Nous n’avons ni vu, ni entendu le loup, ou alors on dormait tellement bien , qu’il n’a pas voulu nous déranger, pourtant on aurait bien aimé lui faire un petit coucou, mais non, tout est calme, dommage .
Nous sommes arrêtés dans notre élan par une famille fort sympathique qui s’installe pour l’été ; les hommes, dans nos âges, font la causette en réparant les fixations de la yourte en cours de montage, les femmes s’activent aux tâches ménagères, et tout le monde nous invite à faire une pause, thé, fromage, et gâteaux à l’appui .
Nous apprécions particulièrement la simplicité de l’accueil, sans aucune ostentation , ni déférence excessive, d’égal à égal, sans aucun sentiment de gêne à notre égard.

Préparation de la ger avant montage

Les filles de la maison, étudiantes en géographie, un peu anglophones et en vacances, font leur devoir de relations publiques, tout le monde s’en distrait, sans plus, les affaires courantes continuent : le fromage à essorer, le troupeau à rassembler.
Nous ressentons dans cette famille un grand calme, tout sauf naïf, comme cela se trouve partout quand les gens ont vu, appris, ont eu le temps et les moyens de comprendre les inconvénients et avantages des situations respectives, sans sentiment d’infériorité, avec calme. C'est un moment très reconstituant , par l’attention , la sobriété et la discrétion des échanges, la gentillesse.


Pause the


Pendant qu'on prépare le fromage

Nous passons le col sans nous faire rattraper par la pluie, accompagnés par deux gamins à cheval et leur chien, qui nous montrent qu’à cheval ça va quand même plus vite qu’à vélo. Bon ça va, on a compris .
Et au col, nous avons vue monstrueuse, monumentale sur des vallées de dizaines de kilomètres, de l’herbe rase, des biquettes dans un tableau de pastel blond ou vert clair, tout ça sur une piste en pente douce, un vrai billard ondulant pendant 25 kilomètres, sans personne, le tout sous un soleil tout à fait supportable étant donné l’altitude, alternant avec quelques petits cumulus, un régal .
Nous rejoignons la rivière qui descend du Mönkh Khairkhan Uul, « Bortiin Gol » bien contents d’avoir de l’eau pas loin. Et là, le temps se gâte très vite, très fort, sous la forme d’une grosse tempête, juste devant une sorte de refuge en dur du siècle dernier, pour randonneurs et alpinistes (Reinhold Messner pour les initiés...). « Bort bag » est habité par la famille du gardien des lieux, qui nous invite à nous mettre à l’abri, et à visiter son embryon de musée géologico-botanico-historique, ce que nous acceptons bien volontiers.
Quelle maison , les vitres réparées par morceaux, avec des bouts d’adhésif, le toit qui fuit, la porte d’entrée qui tient par un bout de fil de fer…et le poêle en tôle qui ronfle au milieu de tout ça et nous réchauffe. Vu les courants d’air , il n’y a pas de risque d’intoxication au CO. Nous causons un peu avec le père, manifestement un personnage localement important, sans que nous comprenions bien à quel titre, et avec la fille, apprentie enseignante. Nous passons deux heures à commenter le temps qu’il fait, autant que possible, à regarder des photos de famille, et nous repartons vers le cours inférieur de la Bort bag gol. Le terrain se gâte jusqu’à la bonne ville de Mönkh Khairkhan, ou nous arrivons deux heures, et six gués bien profonds et bien frais plus tard, avec l’espoir de trouver un téléphone accessible.
Mais non, frustration, la poste est fermée, la carte téléphonique que me vend l’épicière ne marche pas, ras le bol et fatigue au programme.
Nous nous vengeons en campant au bord de la rivière, coucher de soleil en ligne de mire, en mangeant des gaufrettes à la vanille qui sont aussi bonnes pour le moral, voire meilleures, que pour l'estomac .

Apres Tsagaan Khötöl 2983 m, 25 km de descente à fond la caisse

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