jeudi 19 juin 2008

Dunt Tsenger Gol



Suite de nos devoirs de vacances, à la sortie des gorges de la « Dunt Tsenger Gol », tout directement venue du « Mönkh Khairkhan Uul », 4364 m.
C’est beau, une grande vallée caillouteuse puis à peine sablonneuse au départ, avec des gués bien frais pour nous réveiller la tête et les jambes, et nous mettre de bonne humeur si besoin .
Nous passons quelques bergeries peu habitées, dans une longue vallée tranquille, avant d’aborder les gorges de la rivière sus-dite, bien encaissées entre deux murailles de 6 à 800 m de chaque côté sur une grosse dizaine de kilomètres, dans un paysage de savane arborée où l’on se serait attendu à voir girafes et éléphants. Mais non, pas de grosses bêtes, pas de petites non plus, personne. Nous sommes surpris et nous ne tardons pas à comprendre pourquoi.



La suite de la gorge se rétrécit petit à petit, dans une ambiance silencieuse, inhabitée, de plus en plus encastrée au fur et à mesure que nous descendons le long de la rivière, avec des falaises de 1000 m à droite comme à gauche, secteur déconseillé aux claustrophobes, jusqu’à devenir un vrai torrent bien vif, avec des gués de plus en plus profonds et remuants, 80 cm à 1 m de flotte avec un bon courant, et quelques nuages sombres en amont, ça fait joli sur la photo, mais ça nous met la pression .


Le courant pousse les vélos de telle sorte qu’ils se mettent dans le sens du courant, et le vélo de Martine flotte sur ses sacoches, nouveau et intéressant. Ca nous donne l’idée de construire un radeau à base de vélos chargés, avec sacoches étanches gonflées, mais nous n’avons pas le temps de développer le procédé. Résultat, un vélo chargé qui flotte, ça n’est pas très maniable, il faut apprendre la technique de conduite, sous peine de bain forcé en cas d’échec. Le dernier gué nous impressionne … mais ça tombe bien, c’est le dernier.
Nous sommes préoccupés de sortir de ce goulet avant le mauvais temps, qui nous obligerait à faire demi-tour sur 25, 50 ou 100 bornes le cas échéant, si les gués se gâtent (…).
Les infos étaient fausses, il n’y a pas de bonne piste, seulement une trace de gros camion haut sur pattes dans cette vallée paumée, où personne ne passe, sauf exception. La piste n’est ni passante, ni bonne, dont acte, d’où la nécessité de réserves de temps, de bouffe, en cas de constatations de terrain non conformes aux prévisions, ce qui est le cas.
L’humeur est concentrée, pas vraiment à la rêverie, pas le temps ni l’envie de faire des photos, dommage pour le carnet de route . Pourtant moi en slip en train de gesticuler avec un vélo qui flotte dans 1m00 d’eau courante, quel scoop, dommage.
Comme on ne savait pas que c’était impossible, on l’a fait, à la surprise des habitants d’une yourte à la sortie des gorges, pas vraiment entraînés à voir des cyclistes dans le secteur .
La journée se termine avec l’ouverture du paysage au sortir des gorges , on respire devant cette grande plaine vers le nord.
D’un coup d’œil on découvre une perspective qui nous fait distinguer la prochaine ville à 35 km, Mankhan, qu’on distingue parfaitement dans ce lointain bien sec, et la vue porte jusqu’à 80 km vers la chaîne de montagne au nord, que nous longerons demain, « Jargalant Khairkhan », la « grande montagne des délices » ou quelque chose comme ça.
Et c’est alors que nos ennemis les plus féroces attaquent : les moustiques, dans un coucher de soleil superbe . Ils nous obligent à inaugurer nos équipements de protection intégrale de la tête aux pieds, malgré la chaleur: manches longues, gants, chaussettes, moustiquaires sur la tête coincées sous le chapeau, faute de quoi nous serions transformés en grosses pustules à roulettes.
Sortie des gorges


Après le défilé des gorges, le défilé de mode, merci les moustiques

Question technique, j’opère un réglage de freins, le changement de deux patins, resserre la fourche de mon vélo, et la fixation de deux cale-pieds qui ont perdu leurs boulons à cause des vibrations : de la routine.
Les bergers des yourtes en contrebas n’ont pas manqué de nous repérer sur le promontoire où nous sommes perchés. Nous les distinguons en train de nous observer à la longue-vue, ils doivent s’interroger sur notre planète d’origine.
Ils viennent chercher la réponse un peu avant le couchant, à l’heure de la soupe. Nos voisins de la vallée se déplacent à cheval en deux groupes successifs. Deux jeunes hommes arrivent d’abord, avec qui la conversation s’engage de façon assez dynamique surtout avec le petit ado de 15 ans. Il veut tout savoir sur nos professions, nos familles, notre âge ( à 50 ans on est vieux ), nos enfants… veut apprendre quelques mots de français, nous expose quelques bribes d’anglais apprises je ne sais où . Le grand frère, lui, me propose surtout une partie de lutte que je refuse poliment. Plus tard leur père et leur sœur viennent nous saluer, le père boit un bol de soupe « bouillon kub » qu’il trouve fameuse. Il m’offre une prise de tabac que je décline, tout ça dans une ambiance paisible et volontairement enfumée que j’entretiens pour éloigner les moustiques. Ca marche plutôt bien, pendant que Martine se protège de ces visites à la répétition, motivées par une curiosité bien légitime mais un peu fastidieuses pour nous, en s’enfermant dans la tente sous prétexte d’attaques de moustiques.

Vers Mankhan



Hallucination cyclopédiste

1 commentaire:

@mnezik a dit…

Très chouette récit, bravo et merci de nous le faire partager ;)